Groupe de travail sur la Troisième: résumé de la première moitié

Je pense donc je suis. je pense donc se jouit.

Voilà le franchissement traversé dans la Troisième.

Le je suis du nobliau, Lacan l’attribue à l’enseignement des jésuites. Signalons l’importance des jésuites qui apparaissent ici associés à Descartes, mais qui plus tard sera aussi une influence majeur chez Joyce, sans oublier que Lacan lui même a été au collège Stanislas.

 

Ce «je» du je suis c’est «mon sujet à moi, le «je» de la psychanalyse. Et c’est un symptôme, que Lacan interprète en jouant sur l’équivocité. A quoi il pense avant de conclure qu’il suit?  «Il suit» la musique de l’être. Il pense du savoir de l’école de ses maîtres, les jésuites. Ce savoir ne va pas très loin. Il y a de l’eau dans le gaz... parce que ce je suis est aussi paumé que quiconque du fait de parler de lalangue, du fait d’avoir un Inconscient.

 

L’être n’a rien de suprême, le «je suis», qui vise une conjonction de l’être avec la connaissance, est à rejeter et en tant que tel, ça reparait dans le Réel. (le mot rejet insistera plus loin, avec un autre sens)

 

La question serait alors: comment ce je souis «forclos» - c’est le terme qu’emploie Lacan comme synonyme de rejet - reparaît-t-il dans le Réel comme Jouissance ?

 

La contrepèterie, «je souis => se jouit» en est une réponse? Est-ce que «se jouit» interprète la vérité du «je souis»?

 

Passons vite fait sur le conjugaisons du verbe être dans ses différents temps:

Fui: phonétiquement rien à voir, on entend «fuir»

De même que stat: estar, en espagnol

Le verbe être a une fonction de «copule» dans les langues indo-européennes, dit Lacan en s’appuyant sur l’emploi du est, e-s-t, en logique:

 

Wiki:  Les syllogismes sont constitués de propositions, ou affirmations faites d'un sujet (S) relié par une copule à un prédicat (P). La copule est introduit un rapport entre les deux concepts S et P. Ce rapport doit être appréhendé sous l'angle de la compréhension (désigne en logique l'ensemble des qualités et des caractéristiques propres à un ensemble, ou classe, d'objets) et de l'extension (l'ensemble des objets qui possèdent ces qualités et propriétés en commun)

 

Ainsi, ce verbe «être» préfigure le verbe incarné, que son texte fait apparaître avec le subjonctif: qu’il soit! Qu’il soit le Dieu du dire, le Dieure, qui fait être la vérité.

 

 

 

Lacan pose ensuite le Un comme étant le Symbolique, l’Imaginaire et le Réel,  pris dans ce sens (SIR, IRS, RSI).

 

Après avoir décalé l’être du «je souis», il passe au «je pense», c’est-à-dire, à la pensée.

Une phrase pour le moins étrange la définit:

La pensée consiste dans le fait que des mots introduisent quelques représentations imbéciles dans le corps. C’est l’Imaginaire qui du coup redégueule ensuite une vérité.

Si le sens se loge dans le corps (I), cela donne les deux autres (S et R) comme sens. Il y dénonce l’idéalisme philosophique qui soulage tout le monde en agitant le grelot du sens.

 

La philosophie aurait fait entrer dans la tête des mots qui du fait d’être entrés dans la tête deviennent des représentations imbéciles.

La pensée n’est concevable que si on détache les mots du sens philosophique habituel. Ils pourraient rentrer ailleurs dans le corps, dans les peauciers du front par exemple, qui font qu’on se roule ensuite en boule comme un hérisson. On peut aussi penser avec les pieds. C’est là que je voudrais que ça entre: l’I, le S et le R sont faits pour aider les analystes à frayer leur chemin.

 

Après le dégagement du je pense donc je suis cartésien, Lacan enchaine avec le noeud et l’objet a. Il dira:

Il s’agit chez les analystes de laisser quelque chose dans le noeud, d’y laisser cet objet insensé qu’est l’objet a.

C’est ça qui s’attrape au coincement.

C’est à l’attraper juste que vous pouvez répondre à votre fonction: l’offrir comme cause de son désir à votre analysant.

 

Si le «je souis» est rejeté, il s’ensuit ce qu’il faut être: il faut être le noeud. Il faut l’être, hurle Lacan.

Et ensuite, il passe indistinctement à la notion d’être, non pas le noeud mais le semblant de l’objet a. Comme si les deux, noeud et objet a, s’impliquaient réciproquement? On pourrait alors dire: l’analyste en étant le noeud, il désigne la place de a. Et en étant le semblant de a, il montre l’efficace du noeud.

 

La difficulté étant qu’il s’agit d’être le semblant de quelque chose dont on n’a pas d’idée. C’est la définition de l’objet a. En tout cas, Lacan dit clairement qu’avant qu’il l’ait inventé, qu’il l’ait écrit, ce n’était qu’un trou. Maintenant, l’objet a s’écrit et ce trou, ce n’est pas n’importe quel trou. Il ne suffit pas de faire l’éloge du trou. Nous avons affaire à un trou structuré, bordé par RSI. C’est cela qui opère dans l’analyse. Et RSI, les trois catégories, ne peuvent émerger qu’au sein du DA.

Et ils ont émergé parce que Lacan «n’a eu qu’à suivre», comme Descartes a suivi la musique de l’être, Lacan aurait suivi les indices qui lui ont permis d’écrire «objet a».

 

Une fois posé de DA, Lacan avance qu’il éclaire les autres discours, mais il ne les invalide pas. L’Hystérique, le Maître, l’Universitaire continuent d’exister. Le maître, par exemple, veut que ça roule, que les choses aillent au pas de tout le monde. Mais le Réel, il entrave cette marche. Le Réel découvre la place du semblant en jeu. Place qui est à définir mathématiquement pour ne pas l’imaginariser. Lacan définit alors le Réel comme la modalité logique de l’impossible, notion chère et nécessaire aux scientifiques.

 

Les choses roulent tant qu’elles se soutiennent du semblant.

 

Mais Lacan nous dit que pendant des  siècles on a cru «tout possible». Dieu avait fait de son mieux, il fallait que les choses soient possibles ensemble. J’ajouterais: il fallait que toutes les choses soient possibles ensemble. Possibilité assurée par Dieu justement.

Dieu le voulait ainsi, et ça soulageait tout le monde que le verbe de la copule  fasse rapport.

 

Remarquons cette phrase: que tout soit possible ensemble. Cet ensemble total implique l’idée de l’existence d’un monde. Or l’analyse nous montre que le monde est imaginaire.

C’est ici qu’il revient sur la phrase étrange du début:

Par le DA nous savons que le monde est imaginaire parce que ce discours permet de réduire la fonction de la représentation, en la mettant là où elle est: dans le corps. (notion déjà avancée dans le séminaire sur l’Angoisse)

Et Lacan revient ici sur l’idéalisme philosophique à situer à une époque où il n’y avait pas encore de science. On sous-entend, qui vienne justement introduite l’existence d’un Réel.

 

Il n’y a pas de monde contenant un tout qui soit possible. Il y a le Réel qui n’est pas universel. Il n’est tout qu’au sens stricte de ce que chacun de ses éléments soit identique à soi-même, mais à ne pouvoir se dire pantes. Il n’y a pas «de tous les éléments», il n’y a que des ensembles à déterminer dans chaque cas.

Ceci n’a le sens que de ponctuer ce n’importe quoi le signifiant-lettreS1 sans aucun effet de sens, homologue de l’objet a.

Et S1, agent du DM devient homologue de l’objet a.

 

Lacan s’autocritique d’avoir voulu les marier, établir le rapport entre S1 et a, indiquant par là la vanité de tout coït avec le monde, ou de coït avec la connaissance. (Rappelons nous de la «conjonction de l’être avec la connaissance» du début qui caractérise le je suis quand il n’est pas rejeté).

 

Suit une autre phrase, je ne dirai pas étrange, mais fondatrice:

 

Il n’y a rien de plus dans le monde qu’un objet a, chiure ou regard, voix ou tétine qui refend le sujet et le grime en ce déchet qui lui au corps ex-siste.

(Il n’y a dans le monde que l’objet a

qui divise le sujet

et le maquille en une ordure, un reste (on a envie de dire: qui grimace)

qui ex-siste au corps.)

 

C’est un reste du corps, un morceau qui se détache du corps et qui donc lui ex-siste, qui prend cette fonction d’objet a.

 

 

 

Est-ce que la psychanalyse est un symptôme?

Un symptôme est ce qui vient du Réel, un bec vorace qui ne se referme qu’à se mettre du sens sous la dent.

De deux choses l’une: ou bien ce sens le fait proliférer ou bien il en crève.

Comment faire pour que le Réel du symptôme crève?

Il faudra définir le sens du symptôme autrement. Ce n’est pas celui qui le fait proliférer ou crever. Le sens du symptôme c’est le Réel. Le même qui entrave le discours du Maître. (Et ce n’est pas l’esclave qui s’y accommodait très bien, il était chrétien avant terme.)

 

Le sens du symptôme dépend de l’avenir du Réel, et donc, de la réussite de la psychanalyse. On demande au DA de nous débarrasser et du Réel et du symptôme. Si elle réussit, on peut s’attendre au retour de la vraie religion, qui sanctifie tous les espoirs. Mais si elle réussit, on l’oubliera, comme n’importe quelle vérité. Tout dépend de l’insistance du Réel. S’il insiste, elle échoue. Et au symptôme de se multiplier.

 

Est-ce que la psychanalyse est un symptôme social?

Il n’y a qu’un seul symptôme social: chaque individu est un prolétaire, et du coup il n’a aucun discours pour faire lien social, ou semblant. Voir Marx.

 

La psychanalyse a une autre consistance que les autres discours: elle est un lien à deux, en quoi elle se trouve à la place du manque de rapport sexuel,  qui manque dans toutes les formes de sociétés, et qui est lié à la vérité qui fait structure de tout discours. Pas de véritable société fondé sur le DA.

 

L’avénement du Réel ne dépend pas de l’analyste. L’analyste a pour mission de le contrer.

Mais le Réel pourrait s’emballer, voire la science qui risque de produire une bactérie qui pourrait finir avec la vie du parlêtre.

Ce qui réduit la vie à l’infection qu’elle est. Or la mort est à localiser à ce qui dans lalangue en fait signe. (signe de vie ou de mort? Plus loin, seuls les linguistes pensent que lalangue est animée)

 

Lalangue fait homophonie de voeux et veux, deux et d’eux, non et nom.

Ce qu’il faut concevoir c’est qu’on a affaire à des dépôts, des alluvions, des pétrifications qui résultent de l’usage, du maniement par un groupe de son expérience inconsciente.

 

Lalangue véhicule la mort du signe.

-l’Ics est structuré comme un langage

-lalangue joue contre son jouir

-elle s’est faite de ce jouir même.

 

Le savoir supposé de l’analyste n’est pas supposé à tort s’il sait:

que l’Ics consiste en un savoir qui s’articule de lalangue,

que le corps ne s’y noue que par le Réel dont il «se jouit».

 

Mais le corps est à comprendre au naturel comme dénoué, séparé de ce Réel, qui ainsi ex-siste en faisant sa jouissance, tout en lui restant opaque.

 

Le Réel est ici l’abîme moins remarqué, que ce soit lalangue qui cette jouissance la civilise, la développe, qui fait que le corps jouit de l’objet a. De coup, dans DA, il devient le noyau élaborable de la J, mais il ne tient (l’objet a) qu’à l’existence du noeud, au trois consistances qui le constituent.

 

Il sera question dans la suite du texte des trois jouissances.

 

La jouissance du corps est jouissance de la vie. Elle est séparée par l’objet a de la jouissance phallique. Celle-ci étant qualifiée d’anomalique à la jouissance du corps.

La jouissance phallique est hors-corps. La première masturbation crève l’écran dit Lacan en se référant à Saint Sébastien. (dans le séminaire sur l’Angoisse, Lacan fait du phallus un quant à soi que le sujet ne projette pas dans l’image spéculaire)

 

Le corps n’entre dans l’économie de la J qu’à partir de l’image du corps.

Le rapport de l’homme avec son corps est imaginaire, voire la portée que prend l’image au départ. La raison est réelle: la prématuration à la naissance.

L’image anticipe la maturation du corps. Cela comporte nécessairement l’impression que le semblable prend sa place. Il le vomit donc.

L’homme est plus proche à lui-même dans son être que dans son image.

Voir ici l’emploi du mot être, après un long retour qui l’a nettoyé de sa signification imaginaire.  Voir ici, être le noeud comme seule façon de concevoir ce dont il s’agit?

En tout cas, il y a une fente entre le semblant et le prochain. Le sujet hait son semblable, qui lui prend sa place, celle qui occupe l’image, sa propre image. Or, Lacan introduit ici la notion d’être et de prochain qui s’y différentie.

 

Quelle serait la jouissance de l’animal?

Et celle des plantes?

Le nouveau testament se trompe: la plante jouit de tisser et filer. Le monde végétal c’est du filage.

Peut-on alors affirmer que la vie implique jouissance? Si elle est douteuse pour la plante, elle ne l’est pas pour la parole: La jouissance fait dépôt dans lalangue, en la mortifiant. Elle se présente comme du bois mort, ce qui témoigne que la vie est de l’ordre du végétal, dont le langage fait rejet. (rejet: pousse végétale)

 

On fait dire n’importe quel sens à n’importe quel mot.

 

Sur les trois vertus théologales: foi, espérance et charité: ces femmes expriment le Réel: elles sont pas toutes.

Les jeux de mots de Lacan foire, laisse-espère-ogne, et archiraté c’est une incidence plus effective que les questions de Kant pour le symptôme. L’aborder à partir de l’équivoque est plus porteur que les rationalisations de Kant qui entretiennent en tant que telle la névrose universelle soumis au principe de réalité, au fantasme. La rationalisation délirante de Kant voile le fait que l’Eglise veille.

 

L’interprétation doit viser le jeu de mots pour ne pas nourrir le symptôme de sens.

 

 

Le Signifiant unité est à voir dans la lettre depuis Aristote. C’est de là qui découle l’idée d’élément. Et la lettre en est le meilleur support. Il n’y a pas de lettre sans lalangue. Comment lalangue peut-elle se précipiter dans la lettre?