Mathinées lacaniennes
RSI : notre trilogie à l'oeuvre, texte de Pierre Gorges
RSI : notre trilogie à l'œuvre[1].
Peut-être l'avez vous rencontrée, cette Lilly Rose ; avec deux L insiste les parents de cette jeune enfant, virevoltante. Puis un jour, patatras ! Elle se met à avoir peur du noir ! Peur au point de tenir toute la maisonnée éveillée et dans l'effroi Quel âge ? Trois ans. Avant cette peur ? Un enfant alerte, disert, audacieux, parfois jusqu'à en être casse cou ! Elle semble donc avoir tiré bon parti du fait d'avoir été élevée selon les recommandations de la pédiatrie actuelle : la nacelle de la poussette face à la route, la tétine toujours prête à prendre place dans la bouche. Mais là dessus : elle a très tôt refusé la tétine ! Bref, tout lui a sourit jusqu'à ce jour où il a fallu allumer les toilettes elle même.
Qu'en dire ? En passant par RSI de LACAN, le fondement de l'explication est simple : l'Imaginaire de Lilly Rose commençant à s’exercer, lui a permis de réaliser que la noire béance de la cuvette pourrait l'enlever dans un tourbillon !
Inventio.
Qu’est-ce qu’RSI ? Une invention dans la Psychanalyse. Qu'apporte-t-elle à la clinique ?
Pour répondre, il m’a paru indispensable de savoir auparavant, comment chacun use, depuis l’enfance, de RSI. Mon expérience, les derniers séminaires de LACAN et mes recherches, aidant, j’en suis arrivé à ceci [2] : RSI est, à l’œuvre, la matrice[3] du mode de « fonctionnement » de tout homme.
Si la psychanalyse n'est pas une conception du Monde, elle implique comme les monothéismes par exemple, au moins ceci : le Monde est concevable. Ainsi le Monde ne peut être sans la Langue. Donc, en tous cas, nous avons à faire à la Langue[4] avant même les rigueurs[5] du Monde. Langue : biais universel de toute perception, conception, et même de tout ce que nous nommons : rapport. Langue qui ne peut être sans nous tous !
Mai la Langue n’est pas seule, à faire notre relation avec le Monde. Nous le savons, personne n’est au monde sans inertie langagière, sans tradition. La tradition qui nous concerne est celle où s'inscrit par exemple, Emmanuel KANT[6] lorsqu'il écrit : L’esprit ne puise pas ses lois dans la nature, mais les lui prescrit. Tradition dans laquelle s'inscrit Jacques LACAN, pour qui notre relation avec le Monde se nomme RSI.
RSI, trilogie[7], trois à l'œuvre, ce dont la culture occidentale use depuis longtemps. Outre L'idéologie tripartie des indo-européens, l’œuvre de Georges DUMEZIL en propose le repérage. Un exemple simple : la triade des dieux ( de la mythologie ) celtique : Esus, Teutatès et Rigani [8] ( Teutatès : le Toutatis ! d’Astérix et Obélix ).
De RSI même, l'image et l'écriture[9] nous sont familières. A la suite de LACAN, nous en pratiquons la mise à plat dans nos manipulations et nos réflexions. Mais sa mise en jeu ne nous semble pas familière. Il est vrai que le plus souvent nous prenons la mesure de cette dynamique contraignante, que nous appelons : nos chaînes, pour nous en plaindre ou pour en faire un outil[10]. Or, personne ne peut vivre[11] hors la Loi [12] : sans être impliqué dans le jeux des champs Réel, Symbolique, Imaginaire. Et je n’échappe pas à la loi commune.
Les trente ans qui nous séparent de la fin de l’enseignement direct de LACAN m’ayant permis un peu de recul, voici à grandes enjambées., mon explication de RSI. (( En chausser les bottes de sept lieues. ))
Je commence par une définition de chaque consistance, avant de vous proposer dans un récit de leurs mises en jeu prototypique et de déboucher sur ce que notre trilogie à l’œuvre permet[13] à chacun.
1
Mise à plat de RSI
Avant sa mise en jeu, la mise à plat de RSI, puisque nous ne pensons qu'à plat[14], me permet de définir les consistances, leur commune mesure, l’altérité et la " borroménnéité".
Et d’abord : en quoi consiste chaque rond, distinct et équivalent aux autres (( voir le mot de JL)) ?
R
Le Réel de LACAN est, à tout prendre, non pas tant matière que qualité d’un fonctionnement. C’est le fonctionnement du Monde, depuis le Big bang jusqu'à à la manière dont chaque avion vole, depuis le comportement de la matière à l'échelle manométrique, jusqu'à la reproduction sexuée.
Se poursuivant sans cesse, le Réel est l’activité nécessaire du Monde, qu’ARISTOTE nomme 'ενεργεια[15]. C’est l’hypothèse, implicite, des formulations de NEWTON autant que d’ARCHIMEDE. Elle vaut de bout en bout, même si sa date d’achèvement est sine die. C’est ce qui après bien d’autres, a retenu l’attention d’EINSTEIN. C’est aussi le propos de l'orientation quantique des théories actuelles.
Sa consistance est donc l’activité que je viens de tenter de situer, il n'y a pas d'autre Réel. Il a donc une dimension et une seule ; même si nous l’expliquons, au sens étymologique, selon un motif complexe : flux et corpuscules.
Ce Réel n'est pas le néant[16] ; à la suite de LEIBNIZ, je dirais même qu'il lui ex-siste. Le Réel n'est pas tout[17].
En résumé, il y a d'une part le néant, puis le Réel, puis d’autre part il y a le trou. Trou n’existant que du fait de l'Homme[18]; j’y reviendrai.
Réduit à l’essentiel, le Réel est :
- la dimension du Un[19],
- l’activité orientée, qui insiste pour tout le Monde, donc pro-pulse chacun de nous.
S
Symbolique, adjectif substantivé, qualifie le mouvement de renvoi qui va d’une chose présente à une deuxième chose ( souvent absente ). La Langue étant un système complet de renvois entre sons, qui nous implique au plus intime de nous-même. Je vais vous l’expliquer ; très succinctement..
A quoi est dû ce renvoi, cette relation active ? Elle est d’une part, due à l''ενεργεια, à la vie qui promeut chacun de nous. Elle est d’autre part, due au pouvoir discriminatoire[20] de l'oreille, à cet écart infime mais disjonction réelle ( Réel ) que chacun ( invente : ) perçoit et qui fait appel.
Or, il n’y a pas de renvois [21] sans raison : sans relations logiques entre deux sons. Raisons qui apprises, s'imposent à l’identique à tous et constituent notre Grammaire ( savante ). Mais raisons appuyée, fond et forme, sur la prosodie[22], qui est la modulation de la voix, la modulation des sons, ces phénomènes vibratoires[23] que chacun fait entendre lors de sa péroraison. La modulation due à notre souffle se réglant sur une logique élémentaire[24], universellement signifiante ( un ordonnancement subjectivement significatif ) du fait d’avoir été transmis non sans affect, par sa mère, à chacun, dès le berceau.
Tous ces renvois ainsi réglés instituent la loi de composition systématisée qu’est la Langue. Langue prescrite à notre échelle, d’abord à l’écoute, physiquement non modulable[25] de chacun et prescrite aussi, aux sons de la voix[26] de chacun, modulable par son souffle.
Cette loi de composition systématisée [27] constitue le motif [28] de la Langue, fabriqué par chacun. Motif exercé selon deux modes. L'un, homogène : un mot renvoie à un autre. Le deuxième, hétérogène : un nom renvoie à une personne par exemple, un mot à une signification [29]. Deux modes tissant la Langue..
La consistance provient du fait que le tissus de la Langue se poursuive[30] jusqu'à se boucler[31] ( support du schéma L ). Tout au long de sa vie, chacun attend bien un retour de sa parole et de ses élans [32]. ( Provenant à l’origine, de ce que LACAN a nommé : A ). Nous fabriquons ce ruban[33] de la Langue qui se boucle et répète ( " éternelle " ) afin d’entretenir[34] la Langue non sans ses éprouvés, et d’entretenir une adaptabilité aux circonstances. Chacun de nous est employé inconsciemment, à faire tourner en permanence son propre avatar du face à face de " la Langue qui renvoie au Réel " : sa structure psychique[35]
En fin de compte :
- le Symbolique se manifeste chez chacun, par un mouvement orbital de mots affectés, liés par des raisons, et qui renvoie au Monde ; ( ce qui a vraisemblablement, rendu possible l'émergence d'homo sapiens ) ;
- le nombre, prototype du symbole, le rond prototype de la consistance, et ( l’'ενεργεια ) la vie qui nous promeut, portent et représentent ensemble, le Symbolique : Un rond, qui tourne[36] ;
- c’est la deuxième dimension de RSI.
I
L'Imaginaire est la contribution de chacun à l'emploi de la Langue. ( dont l’emploi par la Langue )
Imaginaire qualifie ce qui se présente à chacun, de façon prototypique, sous forme d'images qui mobilisent le pouvoir discriminatoire de l'œil. Imaginaire qualifie aussi ce qui se présente sous forme discrète, de pensées et sous forme d'éprouvés. Or, images, pensées, éprouvés, ne s'expriment et ne se déploient, sans la Langue : notre mot à mot[37], notre pas à pas qui se boucle et tourne. Mais, hétérogènes[38], pensées, images, éprouvées et mots, ne peuvent avoir de relations entre eux qu'à condition que l'altérité joue dans la loi de composition. Les mots peuvent alors devenir signifiant : renvoyer à ce qui n'est pas là et rendre possible la distance et la métaphore. Voilà le motif de la consistance Imaginaire.
Or, la mise en œuvre de l'altérité ne se peut sans que quelqu'un y soit employé. Par exemple, l'altérité n’est en jeu de mon fait, que si j'ai « intégré « la castration de ma mère et du coup, admis réellement mon père[39] : l'existence d'un autre et l’existence d’un désir[40]. Bref, le motif de l'Imaginaire dépend de la mise en œuvre de l'altérité par chacun de nous, un par un.
Si l'altérité œuvre, les renvois symboliques peuvent aller au delà de ce qui est là. Se détachant du seul automatisme et du renvoi à la signification[41], ces renvois peuvent : relancer, orienter, suspendre et ainsi donner voie aux poursuites[42] des visées du désir de chacun ( conscient et même, inconscient ). Corrigeant le Symbolique, le renvoi avec motif de l’altérité, passe par les représentants de la représentation, fabriquant ainsi la double boucle[43] de la bande de Mœbius, contrainte selon le tore.
Ces renvois du Symbolique avec Imaginaire [44] institue la Langue de pleine exercice. L’atrophie de l’Imaginaire dans la démence, par exemple, démontrant à contrario la place et le rôle indispensable de l’Imaginaire pour ce plein exercice. La langue de plein exercice, étant indispensable pour conférer un possible corps langagier et expliquer, nos pensées, notre imagination, nos affects, nos sentiments : là où surgit le désir[45].,
Troisième consistance de RSI, l'Imaginaire ne s’exerce pas sans tourner avec le Symbolique.
Troisième dimension[46] que nous ne puisons pas dans la nature, mais qui n’existe que du fait de la contribution intime de chacun, l’exercice de son propre pouvoir discriminatoire et de l'altérité, en bref : l’exercice de la puissance du discontinu[47].
I pas sans S, pas sans R.
Imaginaire pas sans Symbolique, pas sans Réel [48], instituent [49] la Langue, ses rythmes, sa potence discriminatoire et dialectique, et ses suites[50] ( conséquent et conséquences. ). Langue de plein exercice qui fait notre puissance langagière[51], celle qui nous permet de poursuivre des raisonnements, jusqu'à conclure et y donner suite. Et la potence langagière exercée abstraitement sur le Réel, permet de le concevoir, de s'en saisir, de le rendre efficace. Les structurations, inventions, productions, témoignent depuis la nuit des temps, de cette puissance du discontinu.
Trou.
Arrivé à ce point, il convient de se rappeler que le fonctionnement de chacun de nous est entièrement repérable et supporté[52] par R S I ; trilogie qui n’est pas :
- sans impliquer chacun ;
- ni sans le motif de chaque champs, concevable par ce qui le fait tenir langagièrement : sa consistance; donc représentable par La consistance : la langage, un rond qui tourne.
J’ai passé en revue chaque rond. La question est présent : autour de quoi tourne chaque rond ? Réponse : autour d'un trou. Et, en quoi consiste ce trou ? Il consiste en ce que la consistance n'est pas[53].
Ainsi, chaque champs, de façon strictement équivalente, peut renvoyer[54] à ce qu’il n’est pas lui-même, donc renvoyer aux deux autres, renvoyer à ce qui lui échappe. Ainsi joue l’altérité. ( C'est ce qui rend possible un ( son) sens[55], pour suivre LACAN dans son séminaire RSI ( date )).
L'ενεργεια ainsi renvoyée vers les autres champs, fait que chaque champs contribue à leur commune mesure[56], qui est :
- le Un de toute consistance ;
- et le possible passe à ton voisin de chacune, source de rejaillissement !
Mais il y a une condition à ce que l’altérité puisse jouer. Il y faut la Limite. Il faut que le trou fasse limite[57] à la consistance, qui elle, doit constituer la limite du trou[58]. Ainsi, la Limite n’est-elle pas une approximation mais une butée ( une rencontre ? ). Or, chaque consistance, donc la Limite, n’est pas sans chacun de nous.
La condition humaine est de ne pas pouvoir être sans[59] la Limite !
Limite qui au moins fonde notre Interdit, et fonde tout autant la différence entre homme et femme[60], par exemple. ( Ce pourquoi le transsexualisme n’est pas un problème secondaire ).
Bref, c’est à partir du trou, de leur incomplétude, qu’œuvrent les échanges et les combinaisons entre champs, différents.
Tout ce qui précède explique à titre d’exemple, la remarque de LACAN : ce qui est forclos du symbolique fait retour dans le Réel!
2
Mise en jeu de RSI
Je résume. la Limite est le point de départ du fonctionnement de RSI, puisqu’à partir de la discrimination joue le motif de chaque consistance, et à partir du trou[61], se mettent en jeu les champs[62]. Pour qu’il jouent entre eux, il faut qu’ils soient enchaînés, c’est-à-dire jamais sans le troisième[63] qui noue les consistances. Ce troisième qui noue, comme le pointe LACAN ( dans le chapitre quatre ( date ) de RSI ) étant la condition borroméenne. Et, je le souligne, ce troisième est l’autre, ce qui permet[64] d’échapper au face à face.
R, S et I œuvrent ainsi noués, d'être trouées comme nous venons de le voir.
La clinique, donc la vie, implique universellement[65] ce jeu de R S I, soutenu singulièrement. Par exemple. Qui n’a remarqué " combien ce qui lui échappait faisait appel ( et permet aussi le manque[66] ) ? N’est-ce pas un signe de cette mise en jeu à partir du trou ?
Pour repérer plus en détail, la mise en jeu de RSI, je vous propose un récit.
Sa majesté des mouches.
Dans une robinsonnade récente : Sa majesté des mouches[67], William GOLDING observe[68] sans complaisance, le comportement d’enfants livrés à eux-mêmes. On y trouve ostensiblement, la façon dont chacun est employé par le jeu de RSI.
Tombé par accident sur une île, un groupe d’enfants jeunes et un peu moins jeunes, sans grandes personnes, se confronte à la situation et les uns aux autres. Dès le début, pour prendre des décisions ( p. 49 ) ils élisent un chef, Ralph, du fait qu’il savait parler sans hésitation et bien exprimer sa pensée.
Ralph éleva la conque en l’air pour se faire entendre : Nous sommes dans une île. Nous avons atteint le sommet se la montagne et vu de l’eau tout autour. Il n’y avait pas de maison, pas de fumée, pas de trace de pas, pas de bateau et pas de gens. C’est une île d»serte. Il nous faut une armée … pour la chasse au cochon sauvage comme celui que nous avons aperçu dans les lianes. Et aussi, comme personne ne sait où nous sommes. ( p 43 ), mais sûrement la Reine a notre île sur ses cartes, nous pouvons les aider à nous retrouver. Il faut faire de la fumée en faisant du feu en haut de la montagne. ( 48 )
Ensuite ce fut au tour de Jack, un peu plus jeune et concurrent initial de Ralph, de se mettre à guider l’armée. Du fait qu’il savait bien manier le couteau et du fait de son ancienneté dans la chorale à laquelle beaucoup des plus jeunes avaient participé. Il mena jour après jour, ses choristes à la chasse aux cochons et aussi face aux orages et face aux « monstres qu’ils entrevoyaient parfois «. L’égorgement de chaque cochon était l’occasion d’un rituel dansé, suivi d’un festin cherchant la réplétion. Pour conjurer le sort, face aux orages ou face aux monstres, la bande des sauvages comme ils se nommaient à la suite de Jack, faisait sa danse ( p 211 ), toujours la même. Le mouvement s’organisait ; la mélopée devenait scandée ; les deux ronds tournaient sans relâche, comme si la continuité de leur mouvement leur assurait une sécurité particulière, souligne GOLDING. On eu dit la pulsation rythmique d’une cellule vivante.
Ce soir là, le ciel fut labouré par une déchirure bleuâtre. Une seconde plus tard, le bruit de l’orage se fracassait juste au dessus de leurs têtes terrorisées ! Leur mélopée devenue frénétique, se doubla d’un désir lourd, pressant, aveugle : A mort la bête ! Qu’on l’égorge ! Qu’on la saigne ! Et les bâtons s’abaissèrent et le cercle se referma comme une gueule hurlante. Le « monstre « était au centre, agenouillé ; les bras croisés sur le visage, Simon continuait à crier ses explications au sujet d’un mort sur une montagne.Mais ce fut avec des cris inarticulés, que la lave vivante se mit à frapper, à mordre, à déchirer. Puis Simon, le monstre, à quelques mètres de la mer, resta immobile ! La pluie ne masquait pas sa petite taille. Et déjà son sang se mit à rougir le sable.
Pendant tout ce temps, Ralph et deux autres avec lui, s’échinaient à entretenir le feu de la fumée adressée aux personnes hors de l’île.
Parallèlement, pour chaque sauvage comme pour Jack, la chasse primait. Le bois commençât à manquer pour le feu. Et ce fut un des proches de Ralph qui, au centre du rond de la danse, fut à nouveau frappé à mort, éliminé : A mort la bête ! Qu’on l’égorge ! Qu’on la saigne !
Puis ce fut au tour de Ralph d’être pourchassé dans toute l’Ile. Les ressources de l’île s’épuisaient. Mais, in extrémis, ce fut l’équipage d’un cuirassé qui débarqua.
- Il m’aurait semblé, commença l’officier, qu’un groupe de garçons britanniques aurait réagi de façon plus énergique ;
- Oui c’était comme ça au début, répliqua Ralph, avant que les choses … La phrase resta en suspend [69]. Les larmes jaillirent.
Là s’arrête le récit de GOLDING. Je reprends la phrase restée en suspens : c’était comme ça au début, avant que les choses … ne soient régies par cette névrose infantile qu’a bien repérée FREUD. ; caractérisée par ceci :
- tout ne tourne qu’en faveur [70] de la bande des sauvages ;
- seule existe une altérité incarnée par Jack, à l’identique de celle de sa mère pour chacun ;
- toute autre différence est ( forclose, au mieux ) éliminée par la mise à mort du tiers.
RSI nous permet de comprendre ce fonctionnement : dû au Symbolique sans l’Imaginaire.
A l’opposé de l’élimination du tiers, les signaux de fumée adressés au tiers[71], ( altérité ) non immédiatement incarné, relève de la névrose adulte de FREUD : celle qui met en jeu l’Imaginaire. Et, là aussi, GOLDING ne se trompe pas : la troisième dimension de RSI dépend entièrement de l’altérité soutenue[72] un par un : par Ralph et quelques proches.
L’Imaginaire s’assume un par un.
Mais névrose infantile n’est pas enfance. Ces deux temps de névrose inventés par FREUD, sont la base du fonctionnement humain. Notons qu’actuellement au quotidien, la a névrose infantile est fréquente. Et l’offre de la cure est de contribuer à l’accession et au fonctionnement de la névrose adulte.
Josée dont le couple s’est formé au cours de sa fréquentation d’un travail de théâtre amateur, vient me voir parce qu’elle n’a pas de : désir de maternité. Un premier enfant nait. Mais elle se plaint :
- mon conjoint ne fait pas le père ;
- il ne m’aide pas à prendre la bonne distance par rapport à cet enfant ;
- je n’ai plus de désir pour lui.
Une fille leur nait alors. Mais Josée parle de séparation. Or, toute séparation lui impose de vérifier que les gens sont encore et toujours en vie. Ceci se produisant, par exemple avec son propre père.
Toujours pas de désir sexuel de sa part et les relations deviennent très difficiles avec son conjoint. Puis un jour elle me fait part de ceci : avoir vu son conjoint faire l’homme sur scène, a relancé du désir pour lui. L’explication, nous la connaissons : l’altérité jouant, alors son désir, du fait de ne plus être collé et interdit pour le père, peut reprendre son cours !
3
RSI à l’œuvre
Mais enfin, que permet et que promet cette trilogie[73] à l’œuvre ? Réponse. Elle permet à chacun[74] d’assumer[75] sa place dans la succession des générations, en inventant la névrose adulte à sa façon. A une condition : jouer le jeu de RSI. La trilogie, ne fait que poursuivre le Un de son existence propre, et emploie chacun à jouer son jeu de cohérence, de successions et d’altérations. C’est ainsi qu’à poursuivre[76] une autre chose que soi, chacun de nous assure la cohérence [77] de son corps, de sa pensée et rend possible le fait de faire quelque chose de sa vie.
ACHAB et STARBUCK.
Herman MELVILLE, intéressé comme TOCQUEVILLE par la naissance de la démocratie en Amérique, propose Moby Dyck en 1851 à son éditeur londonien. Récit de vies prototypiques de notre poursuite [78] du Un. Le contexte historique est celui des ruées vers la fortune. Chacun peut courir sa chance. Le grand et puissant commerce de la chasse à la baleine ( p 170 ) toujours aventureuse et risquée, est lucratif avec l’huile de cachalot ( la meilleure pour le couronnement des rois d’Angleterre ), avant que la découverte du pétrole n’en détrône l’usage dans les lampes. Voici le récit.
Le cœur bien lourd, nous poussâmes trois vivats, et nous plongeâmes, aveugles comme le destin, à travers l’atlantique désert.
Dans la longue période d’un voyage de chasse à la baleine dans les mers du sud ( p 214 de beaucoup le plus long des voyages que font ou qu’ont jamais fait les hommes ) ( trois ans ), les bénéfices de tout l’équipage, du premier au dernier, ne dépendent pas de gages fixes, mais de la communauté des chances et des dangers, de la vigilance, de l’intrépidité et du dur travail en commun. Ils ont beau vivre ensemble comme une vielle famille de Mésopotamie, le protocole est rarement relâché et en aucun cas aboli. Ainsi le capitaine du Péquod parlait à chacun toujours d’une façon étrange, mais gentiment, parfois férocement dans certaines circonstances. Seule référence à son rang, il exigeait une obéissance muette et immédiate. Mais le sombre capitaine ACHAB, observait strictement les usages sacro-saints de la mer. Sans eux, son implacable besoin de domination n’aurait pas pu se manifester entièrement.
Il ordonna à STARBUCK son second, de rassembler tout le monde à l’arrière. ( 234 ).
- Sir ? … s’étonna le second, car ce commandement n’est presque jamais donné à bord, sauf dans un cas extraordinaire.
- Tout le monde à l’arrière, répétât ACHAB ; hé ! la haut, l’équipe de la hune, descendez.
Quand l’équipage fut rassemblé, le dévisageant avec surprise et appréhension car il ressemblait à l’horizon du côté du vent quand l’orage se prépare. … Tête penchée, le chapeau sur les yeux ACHAB continuait sa promenade, indifférent aux chuchotements … . S’arrêtant brusquement, il cria : que faites vous quand vous voyez une baleine, les gars ;
- On la signale, fut la réponse spontanée d’une vingtaine de voix;
- Bien, cria ACHAB, une approbation sauvage dans la voix …
- Et ensuite que faites-vous ?
- On met à la mer et on poursuit.
- sur quel air ramez-vous ?
- « Elle crèvera ou nous crèverons «.
La physionomie du vieillard devenait de plus en plus sauvagement approbatrice…
- Voyez-vous, celui qui me lèvera une baleine blanche aura ce doublons d’or espagnol.
- Hurrah ! hurrah ! crièrent les marins.
- Capitaine ACHAB, dit TASHEGO ( le harponneur ), cette baleine blanche certains l’appellent Moby Dick.
- Moby Dyck, cria ACHAB ; tu connais donc cette baleine blanche TASH ?
- Capitaine ACHAB dit STARBUCK qui ainsi que STUBB et FLASK, n’avait cessé de regarder leur supérieur avec une surprise croissante, mais qui, à la fin, parut frappé d’une idée qui expliquait tout ; capitaine ACHAB, j’ai entendu parler de Moby Dick … n’est-ce pas Moby Dyck qui vous a enlevé votre jambe ?
- Oui, STARBUCK, oui vous tous, gars, c’est Moby Dyck qui m’a démâté … Je la pourchasserai autour du cap de Bonne Espérance, autour du cap Horn, autour du Maelström de Norvège et autour des flammes de l’enfer, avant de renoncer à l’atteindre !
- Mais pourquoi cette triste mine, STARBUCK, repris ACHAB, ne veux-tu pas chasser la baleine blanche ? Moby Dick te fait peur ?
- Je n’ai peur ni de sa mâchoire de travers, ni des mâchoires de la mort non plus capitaine ACHAB, si elles se présentent au cours du travail que nous poursuivons ; mais, je suis venu ici pour chasser les baleines et non pour assumer la vengeance de mon chef ! Combien de barriques tireras-tu de ta vengeance, en supposant que tu l’attrapes, capitaine ACHAB ? Tu n’en tireras pas grand chose sur le marché de Nantucket.
- Te venger sur une simple brute muette, répliqua Starbuck, qui ne t’a frappé que par l’instinct le plus aveugle … Folie ! S’acharner contre une chose muette capitaine ACHAB, me semble un blasphème.
STARBUCK n’était pas, lui, un chevalier des croisades en quête de périls. ( 177 ). … Et puis peut-être pensait-il aussi que dans cette affaire de baleine, le courage tenait une place essentielle dans l’équipement du vaisseau, au même titre que l’eau, le bœuf et le pain ; il ne devait pas être gaspillé bêtement.… Je suis ici sur l’océan pour gagner ma vie en tuant des baleines et non pour être tué par elles ( comme mon père ).
Et que croyez-vous qui arriva ? Le Péquod, souvent aux mains de STARBUCK, le seul qui ait osé contredire ACHAB avec un tant soit peu de fermeté, navigua prudemment et vécût bien des branlebas, pêchât et dépeçât quelques baleines et cachalot, vit s’accomplir quelques malheurs déjà prédits, rencontrât bien des bateaux, dont la Hyène, le Poney, le Town-Ho, puis le Rachel, le Délice qui eux, avaient vu, chassé, puis avaient été mis en fuite par Moby Dyck ( 669 ). L’équipage surmontât tous des périls. … Et ACHAB fut, comme depuis quarante ans ( 689 ), le navire même à la poursuite ( 683 ). A la fin, le vaisseau atteignit ( 667 ) les lisières des terrains de chasse de l’Equateur.
Elle souffle ! Elle souffle !!! ( 694 ) Une bosse comme une montagne de neige ! C’est Moby DICK ! Enflammés par le cri repris simultanément par les trois vigies, les hommes se précipitèrent aux gréements afin de voir la fameuse baleine qu’ils poursuivaient depuis si longtemps ! ACHAB avait atteint son perchoir. … Bientôt toutes les embarcations, sauf celle de STARBUCK, furent mises à la mer, celle dd’ACHAB en tête… «
ACHAB chassa Moby Dyck trois jours de suite. Conformément à son imprécation : que je sois écartelé en te chassant et attaché à toi, baleine maudite, il fut étranglé par la ligne du harpon et entrainé au fond.
Ainsi, chacun de nous poursuit-il le un ! Selon deux modes.
Premier mode. Il s’agit ( en festonnant ) de se laisser aller au fonctionnement symptomatique, privilégié par l’inconscient ( donc souvent sans reconnaître la part primordiale de l’implication de son désir ) qui à tout prix, poursuit la jouissance : l’éprouvé égocentrique de toutes les douleurs que la vie procure aisément, cherchant à en être comblé, complété, comme par sa mère. C’est ACHAB ! ( Qui, en l’occurrence est aussi chevalier du Graal, du fait qu’il est en quête de sa jambe, complément qui initialement lui «appartenait», ce qui permet de se penser : un. )
Autre mode. Il s’agit de se mobiliser pour poursuivre l'objet a ( non sans en être le sujet ). Objet exocentrique qui n’est pas sans procurer quelque satisfaction, du plaisir ; mais objet qui, une fois atteint, laisse peu en paix. Cette poursuite, admettant la castration, l’incomplétude, est ainsi reconduite itérativement. C’est STARBUCK. ( courageux et prudent ( alors possible ascenseur social. )).
Mais ! Mais l’attrait de la jouissance symptomatique peut bien en fait, reprendre le dessus ! Ce dont parle fort bien ce récit de MELVILLE. Car voici : au moment même de la disparition d’ACHAB , malgré son opposition à la vengeance, STARBUCK précipitât aveuglémnt, le Péquod contre Moby Dick. Ce fut la catastrophe complète ! Un seul survivant, Ishmaël : conteur du récit.
Conclusion.
La singularité ne vaut que fondé sur l’universel.
Là se situe l’offre de la psychanalyse : repérer la part « automatique « de chacun dans ses comportements, contribuer à privilégier la poursuite de l’objet a.
Poursuite moins en vogue de nos jours ! L’actualité étant une propension à la dénégation de l’autorité, de l’Autre et même de la « nature «, ce dont à présent, techniques et Sceience aidanr, chacun cherche à s’évader.
Annexe.
Prendre RSI comme notre indispensable trilogie à l'œuvre, n’est-ce pas remettre l’église au milieu du village ? Car prendre en considération ce procès de la vie permet de se repérer, voire, de comprendre ce qui peut se passer, tous les jours et dans nos cas.
N’est-ce pas aussi se donner les moyens d’éclairer quelques question fondamentales. Parmi d’autres, en voici quelques unes.
Questions.
- 1 - Les trois directions indexées, couramment nommées «dimensions», avec lesquelles nous nous représentons le Monde, peuvent-elles être confondues avec les trois champs ordonnées R S I qui eux, je crois, ont vraiment qualité de dimensions, du fait de permettre à chacun d’assumer voire, d’inventer sa modeste participation au Monde ? Et que faire de la réponse ? ( Par exemple, l’espace euclidien n’est pas sans chacun… )
- 2 - RSI, ces trois dimensions de la névrose, sont elles à l’œuvre à l’identique, dans la psychose ?
- 3 - Si la troisième dimension nous requière et nous permet de nous abstraire, non du Monde, mais très partiellement de quelques-unes de ses rigueurs, nous laisserons-nous aller à l’illusion de croire à notre maîtrise du Monde, voire, à une possible création de Réel ?
- 4 - Nous prescrivons nos lois à la nature, cetres ! Mais jusqu’à un certain point : la Limita. Or la Limite n’est pas sans nous, mais pourrions être sans elle et sans la primauté de la nature ?
- 5 - Dieu est, en fin de compte, la part, si le Monde contient ses bornes, ou la place, si le Monde ne contient pas ses bornes, de ce qui vraiment nous dépasse. Si la connaissance peut nous autoriser à en ajuster la place, elle ne la supprime pas. Cette place ou cette part, je la qualifierais de : désir antérieur, en usant d’un mot inventé un jour par un de mes patients. Pouvons-nous vivre en homme sans l’admettre ?
- 6 - L’hypothèse du Meilleur des Monde possibles de LEIBNIZ paraît toujours valide : Y a-t-il
un autre Monde possible ?
[1] Trilogie à l'œuvre, ou, La topologie à laquelle nous introduit LACAN éclaire l'invention de chacun. Cette invention rejoignant probablement l'Ultima ratio d'Anselme de Cantorbéry favorable au dialogue entre foi et logique, favorable à la division subjective.
Remarque : en latin, invention, inventaire : venir sur quelque chose, inventer = découvrir, comme Christophe COLOMB ; c'est l'étymologie d'INVENTION, bien différente de créo, creare : créer, produire, nommer.
Autre remarque. J'ai entendu au temps de LACAN, quelqu'un parler de ses patients avec une élégance de bon aloi ; il les appelait : mes poètes !
[2] Ici : un bref débredinoire rappelant que tout remède à la castration n'est que pharmakon, puisqu'il n'y a d'ultima ratio autre que : vivre humainement
[3] matrice : et propulsion et filière.
[4] D'abord avoir à faire à la Langue ce qui empêche le rapport qui pourrait faire " mieux" que l'ultima ratio.
[5] … motif ? , 22 juin 2006, Pierre GORGES
[6] ( S.G.D.G ). L’esprit ne puise pas ses lois dans la nature, mais les lui prescrit , écrivit KANT en 1800. et voir le préambule de l'esthétique transcendantale. A la même époque vivait Samuel MORSE, peintre et inventeur de l’alphabet télégraphique à base de : . __ point trait ( en réalité : un blanc, un point, un blanc un trait, un blanc… ). A cette époque, ARCHIMÈDE était mort depuis 2015 ans et ARISTARQUE de Samos depuis 2033 ans.
Pourquoi ARCHIMÈDE? J’aurai l’occasion d’y revenir, ce séminaire étant aussi : une réponse à ARCHIMÈDE, une réponse à cette demande : donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde.
Quand à ARISTARQUE de Samos, c’est lui qui a rendu les grecs d’abord familiers d’un système héliocentrique du monde. Et ceci antérieurement à la conception géocentrique de l’univers, due à PTOLÉMÉE. Conclusion, il a fallu un certain temps pour que le système héliocentrique qui nous apparaît à présent, proche de notre expérience dans notre galaxie, supplante un système géocentrique qui arrangeait les grecs de l’époque où PTOLÉMÉE l’avait fait apparaître. Ceci pour rappeler combien la vérité sur les choses n’est immédiatement, ni accessible, ni acceptable. Au contraire elle ne peut-être que construite. Et ceci, au moyen d’un langage, articulé par quelqu’un. Aussi, je prolongerai le propos de KANT : c’est sans aucune garantie “ objective “ que l’esprit prescrit ses lois à la nature.
Entre autres conséquences, l’interprétation en psychanalyse est d’abord à considérer comme entachée de toute absence de garantie.
[7] Voire, un trébuchet …
[8] Dont une représentation lapidaire existe au musée Saint Remi à Reims.
[9] Note / Pour introduire le tétraèdre, de Jean BRINI en 2011.
[10] Manière la plus fréquente de prendre : Le discours de servitude volontaire d'Etienne de La BOETIE.
[11] Nos mises à plat nous font croire à une possible position de surplomb au regard de RSI. Illusion ! Car, RSI nous emploie, c'est par là que ça vit. Rappel de cet aphorisme de LACAN de 1963 : Le langage nous emploie, c'est par là que ça jouit.
[12] Sauf, vraisemblablement, les autistes.
[13] dont, ce que notre trilogie à l’œuvre permet à chacun d’inventer.
[14] Et à vrai dire, nous pensons à la queue leu leu.
[15] Une 'ενεργεια qui comme le fait remarquer déjà ARISTOTE, ARCHIMEDE avant Isaac NEWTON, intéresse chaque corps, chaque corpuscule.
[16] C'est ce qui paraît sous tendre le propos de Gottfried Wilhelm LEIBNIZ ( aux environs de 1700 ) : Pourquoi y -a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
[17] ( Même si il est impossible à l'homme de créer du Réel, nous pouvons l'inventer, du fait du Symbolique : une représentation du Réel . )
[18] L'homme : le défaut de l'Univers.
[19] le Réel est : le vrai, la dimension du Un … nécessaire.
[20] La disjonction réelle L"écart entre deux : au moins, après un plein relatif, il y a un creux relatif, ce que le " pouvoir discriminatoire " de " notre oreille " perçoit. Cf. Qu'est-ce-qui fait chose certaine ? 3 Commun à tous, le Symbolique n'existe pas sans chacun.
[21] Renvoi de l'un à l'autre, renvoi minimum et première altérité repris par la grammaire, par une raison, logique : modèle, pour tous, mais plus modulable.
[22] Grammaire dont l'apprentissage semble être la prosodie, quasiment universelle : rythme ( scansion ) et ton ( modulation )
[23] Sons langagiers, phénomènes vibratoires crée avec les cordes vocales, et qui font passer depuis les sons, réels, le mot, à l’abstraction : sa représentation, et font aussi passer à autre mot …
[24] syntaxe élémentaire affecté, structurée par une « logique élémentaire « proche de celle de BOOLE
[25] Prescrite à l'écoute physiquement non modulable, s'imposant à la compréhension, à moduler.; modulable ( déjà pulsation, alternative, ondulatoire ).
[26] Le bruit qui en " s'humanisant " devient son.
[27] Composition, décomposition recomposition …
[28] Chacun de nous constate, tant qu'il vit, que le motif même de la Langue est ce renvoi incessant à ce qui n'est pas là ( jusqu'à la poursuite ). Renvoi d'un signifiant à ceux qui ne sont pas là, rime ( rebond ), d'un mot a un autre, d'un signifiant à un sujet $… d'un signifiant à une représentation de choses. Renvoi d'un nom à une chose, d'une description ( mythe, théorie ou histoire ) à un déroulement. Renvoi d'une boucle à une autre, d'une consistance à une autre. Renvoi d'une théorie de signifiants à ce qu'elle n'est pas : à son trou. ( à un sens, comme le note LACAN )
[29] Sa signification ou à rien ( c.f. … Qu'est-ce que ça veut dire ? au CPOA 1982 ); ce qui dans la psychose, sans troisième ( φ ), ne renvoi à rien => perplexité.
[30] ( A revoir ) Le renvoi systématique du Symbolique constitue la poursuite : consistance de la Langue qui poursuit ( pour que I ) jusqu'à ce qu'il y ait un retour ( écho : I ) ( jusqu'à et jusqu'à ce que ) l'identité du signifiant ( ? ) adresse et retour ou et répétition : une circulation en boucle ( ellipse 2 foyers ? ) ( Figure de A ) autour de chacun ( nos oreilles ). ( une circulation support du Schéma L et Schéma R. Reconnaissance, par exemple de l'identité du signifiant ( ? ), ce qui fait boucle ou adresse à quelqu'un et retour ou et répétition : une circulation en boucle ). C'est un cercle sans cesse ( A barré ).
[31] Jusqu'à se boucler la poursuite se fait jusqu'à ce qu'il y ait une reconnaissance : l'identité d'un signifiant ; ou à adresse à quelqu'un qui fait retour …
[32] Comme dans la prédation.
[33] En attente de topologie Ici : dans un espace euclidien à trois directions., soit bilobé( ou sphère ? ) ou tore.
[34] Conserver : dépend de la Structure et jouissance symptomatique.
[35] Structure (( c.f. Division subjective : corps versus parole )). Ce que par exemple, j'écrirais volontiers : R 1 L ◊ I . ( R carré L poinçon I où L est au lieu de S le Symbolique de LACAN, parce que :1° ma formule n'est pas à prendre pour une formule de LACAN ; 2° L désigne ici la Langue à l'œuvre, supportée par le dire de ceux dont c'est la langue maternelle ; langue sans adossement à l'écrit, ce qui ferait plaisir à PLATON !
[36] La Langue, circulation qui boucle et peut festonner. Un rond : Le Chiffre : le zéro des indiens Représentable même par le signe de l'infini.
[37] Le mot à mot, le pas à pas de l’homme, scansion, langagière et physiologique, fondamentale; un avatar de la disjonction fondamentale ( Logique duelle )
[38] altérité entre la chose, sa représentation et son représentant : signifiant
[39] Mon père et sa fonction paternelle.
[40] désir : le grain de sel, grain de sable dans les rouages, l’altération qui induit un dévoiement…
[41] Comme dans la Psychose … c.f. les psychoses, Jacques LACAN
[42] Vort, da, gouverné, fiction de maîtrise …
[43] Revoir. double boucle de la bande de Mœbius contrainte selon la topologie qui se boucle : le tore.
Ce mode de renvoi ( du représentant ) passant par la représentation, requière ( une récurrence ) une double boucle ( une pour la Langue, une pour l'imaginaire, raccordées ? ), une bande de Mœbius ( tricotée avec le désir ) topologie, bouclée : un tore. Avatar torique de la circulation structurelle
[44] Mobilisant tout notre pouvoir discriminatoire, améliore l … Usage de la prescription de la loi de composition du Symbolique ( complexe, mais avec direction progrédiante irréfutable ) au reste du Réel, à partir du fonctionnement de la langue qui le représente ( les mots-nommination et mythologie-description ) dont l'usage ( avec grammaire-logique ) permet ( relativement ) de composer le Réel même.
[45] Le grain de sel, grain de sable qui dévoie le Symbolique, La Langue de plein exercice est en bref, la condition pour donner suite à la disjonction ( R ))
Désir qui fera se tresser l’Imaginaire avec les autre dimensions …
[46] Troisième dimension, comprenant le temps.
Et, le troisième n’est-il pas entre le un et le deux ?
[47] Discontinu, scansion. Disjonction jusqu'à pouvoir compter sur le deux. Lien avec l'interdit, afin d'aller de l'avant
[48] C'est par là qu'advient la véritable puissance de l'homme, langagière, dont toutes les structurations, inventions et productions du Monde témoignent : les bibliothèques et les œuvres, les villes et les musées, les institutions et les politiques. Ils sont les représentations, donc hors RSI, de nos pensées et nos affects, de notre imagination et nos sentiments. ( sur lesquels agit déjà RSI )
La Langue de plein exercice permet de déployer nos idées et notre imagination en poursuivant ( en festonnant pulsation ), nos raisonnements, jusqu'à conclure et y donner suite ( dont commander )
La Langue de plein exercice appliquée ( à bonne distance du ) au Réel permet de le concevoir, de s'en saisir et le rendre efficace.
[49] Homo faber, langagier, puisque pratique la Langue et ses suites ; production à partir de RSI , hors I, L et hors L
Et, le troisième n’est-il pas entre le un et le deux ?
[50] Ses suites : conséquent et conséquences. la puissance langagière dans et hors RSI.
[51] Si il est impossible à l'homme de créer du Réel, il lui est possible de l'inventer, du fait d'une représentation du Réel jusqu'au concept ou jusqu'à l'œuvre.
[52] Supporté par RSI, qui n'est pas sans nous employer.
[53] Le trou convoque, la castration, le : il n'y a pas de rapport sexuel, il appelle le désir de chacun, ou la raison ( parfois à défaut du désir ), la 30 dimension.
[54] Vers son sens ( ? ) dit LACAN dans RSI, ( deuxième ou troisième leçon )
[55] un sens, avec altérité, abstraction ( névrose ) et non une signification, renvoyant à une autre signification jusqu’à la perplexité de la psychose ou la signification du délire ou l’assertitude du psychotique lui-même … Reprendre.
[57] Limite, en 1° entre S et R, par extension => I Limite : ce à quoi tient l'homme ; problème de fond … Réponse à ARCHIMEDE, Qu'est ce qui fait chose certaine ? …
[58] Trou : cerné ( LACAN ). Cerné par la limite.
[59] A partir de la conjonction de la Limite joue la disjonction qui met ( en œuvre ) la symétrie, la Limite rend possible la différence… qui les décisions ( coupures et abstractions ), les scansions : nos rythmes indispensables.
Scansion qui sert sur tous les chemins, y compris ceux de tout chevalier errant en quête du Graal ( gloire : reconnaissance de sa mère ; dulcinée : amour inconditionnel ( y compris courtois ? ) … à moins qu'il ne soit fou : sans limite. ( France musique 16 et 22 janvier 2012 et Collège de France … )
[60] Et pourtant femmes et hommes sont primordialement homme : sexué.
[61] Or, à partir du trou, deux orientations de l'échappement sont possibles : ou la chute, le recours à l'angoisse, à la dépression, à ce qui tombe en enfer, ou bien, fort heureusement, c'est le jaillissement, la résurrection, l'éclosion!
[62] RSI : superposables ? jouables : pas sans ; borroméennement : pas sans 3° ; un parcours et une substantification pour la pensée et l'imagination, ce qui permet d'inventer la réalité.[62]
[63] RSI, nouées d'être trouées, trouées d'être nouées. Borroméennement d'être à trois dit LACAN dans RSI 2° ou 3° chapitre.
[64] à condition de jouer le jeu ; c..f. « to pantreton «
[65] Chacun ne joue le jeu de RSI que dans un " face à face " avec le Monde ( où il fait partie du tableau ) à deux configurations possibles. L'une Jack : névrose infantile éjecte bouc émissaire pour faire trou et continuer à tourner autour ( complétude ) ; Ralph : névrose adulte adresse à autre ; abstraction 2010
[66] C.f. Biais du jour, de janvier 2010
[67] Robinsonnade : Sa majesté des mouches, Gallimard 1956 ; bill William GOLDING first publishing 1954, in English by faber & Faber, Ltd. Il s’agit très vraisemblablement de la transposition de récits de guerre, de petits groupes se retrouvant seul dans une île et où les choses se sont passées ainsi.
[68] Histoire dont les faits contestent le mythe du bon sauvage, puisqu'elle )) raconte comment la vie sauvage repose sur un fonctionnent radicalement sans l'Imaginaire, donc sans place pour l'autre, radicale ( et castré )
[69] … les larmes jaillirent. Ralph pleurait sur la fin de l’innocence, la noirceur du cœur humain et la disparition de cet ami fidèle et avisé qu’on appelait Porcinet.
[70] y préside le jugement d'attribution
[71] Ce qui admet le jugement d’existence.
[72] Olivier REY, dans son Livre : Une folle solitude ( de 1966 ), ne s’y trompe pas.
[73] Un nœud-chaîne avec jeux de renvoi possible à autre et autre encore : passe à ton voisin
[74] à chacun de nous elle permet d’assumer sa place ( après ses parents et avant ses enfants ) en inventant sa vie : la névrose adulte ( à sa façon, c’est son âme ). Cette trilogie, n’existant qu’à condition que nous jouions le jeu de RSI ( poursuivant indispensablement le Un ) assure alors : - COHERENCE ( du fait d’être un entrelacs ) ; - SUCCESSION ( du fait de requérir pour S, I, la succession : le pas à pas, le festonnage et la tradition entre générations. ) ; - ALTERATION ( renvois entre R, S, I. ).
Ainsi est assurée la cohérence ( le Un ) du corps et de la vie de chacun, en ( et du fait de ) poursuivant ( et en atteignant parfois ) une autre chose que soi.
[75] l’étymologie en étant, ad sum : être là !
[76] Modalité dynamique de la relation à l’objet c.f. La relation d’objet
[77] Maintenir notre cohésion ( tenir au un, dont éviter la perception d’un corps disloqué ) en poursuivant ( le un ) une autre chose ( que soi )
[78] de notre fonctionnement de chasseur, de prédateur en fait.